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Films musicaux nord-Américains après 1968

Moulin Rouge (Moulin Rouge !)

ImageFiction musicale de Baz Luhrmann, avec Ewan McGregor, Nicole Kidman, Jim Broadbent, Richard Roxburgh, John Leguizamo, Etats-Unis-Australie, 2001, 128 minutes.

Paris, 1900. Le poète Christian (Ewan McGregor) cherche à faire jouer l’opéra qu’il a composé avec quelques amis artistes, Spectacular Spectacular. Il peut compter pour cela sur le soutien de la courtisane Satine (Nicole Kidman), danseuse vedette au Moulin Rouge, pour laquelle il ressent un amour partagé. Satine convainc donc son richissime soupirant Le Duc de Monroth (Richard Roxburgh) de financer le spectacle. Mais le duc est très jaloux, et Satine est très malade…

ImageCe film reçut à sa sortie un très bon accueil de la critique, obtenant plusieurs récompenses prestigieuses. Personnellement, je ne partage pas cet engouement. La principale raison en est à mes yeux la qualité déficiente de la partie musicale et dansée, que ne parviennent pas à maquiller des prises de vues spectaculaires et un montage frénétiquement haché.

ImageCommençons par les bons côtés du film. Le scénario, évoquant la vie de bohème d’un groupe d’artistes montmartrois du début du XXème siècle, et associant, dans un mélange baroque et tragi-comique, des références hétéroclites (de la Dame aux Camélias à Toulouse-Lautrec), est loin d’être déplaisant. Les décors, superbes et colorés, restituent sur un mode onirique et théâtralisé l’atmosphère du cabaret et de la vie de bohème. Les effets spéciaux et les vertigineux tourbillonnements d’image peuvent séduire par moments, par exemple au tout début du film, lorsque la caméra, partant d’un plan large de Paris vu depuis la Tour Eiffel, plonge vers la rue montmartroise où va se dérouler l’intrigue.

ImageDu côté des personnages et du jeu d’acteurs, les choses se gâtent déjà  quelque peu. Nicole Kidman, froide et assez inexpressive, donne peu de relief à son personnage. Ewan McGregor est cantonné du début à la fin dans le rôle sans grande substance d’un amant sincère et naïf. Jim Broadbent surjoue le rôle d’un directeur-propriétaire de cabaret (Harold Zidler) perpétuellement rubicond et hystérique. Richard Roxburgh agace dans le personnage d’un Duke of Monroth minaudier qui hésite sans convaincre entre le rôle du cocu ridicule et celui du jaloux sanguinaire. John Leguizamo interprète un Henri de Toulouse-Lautrec complètement réinventé pour les besoins d’un film indifférent à la vérité historique. Enfin, le rôle de bouffons agités et grimaçants dévolu  au groupe des artistes amis de Christian m’a lassé assez rapidement.

ImageQuant à l’esthétique visuelle de Moulin-Rouge, elle m’a profondément déplu par son caractère kitch et tape-à-l’œil : boudoirs surchargés de velours rouges, de miroirs et de literies satinées ; gros messieurs cramoisis et surexcités en jaquettes et haut-de-forme ; danseuses laides et bruyantes, soulevant en hurlant leurs robes colorés pour montrer leur dessous…  Quant aux vertigineux tourbillonnements de la caméra et au montage survitaminé, s’ils intriguent pendant les cinq premières minutes, ils ne tardent pas à susciter lassitude et agacement. Ils gâchent en particulier totalement les scènes de danse, avec des plans qui se succèdent à la vitesse de rafales de mitrailleuse, fracassant la dynamique des corps en mouvement et réduisant l’expression dansée à une succession de poses spectaculaires.

ImageJ’en arrive justement à ce qui n’a la plus choqué dans ce film rococo et vulgaire : la dénaturation de la prestation artistique – qu’elle soit musicale ou dansée – réduite à une succession désordonnée de play-backs, d’effets spéciaux et de plans ultra-rapides. Carton rouge en particulier pour la bande musicale, constituée d’un mélange totalement hétéroclite de tous les styles de musiques populaires du XXème siècle. Offenbach, Queen, Elton John, Madonna, The Police, Mariano Mores, Nirvana – sans oublier la musique indienne –  se succèdent aussi sans aucune unité, et sans que l’on sache d’ailleurs très bien qui joue et qui chante.

ImageSelon un dicton connu, les mauvaises cuisinières masquent leur plats manqués avec de la mayonnaise et les mauvais architectes, leur maisons mal conçues avec du lierre grimpant. On pourrait ajouter, après avoir vu Moulin Rouge, que les mauvais metteurs en scène rattrapent leur films ratés avec des effets spéciaux.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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