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Films musicaux nord-Américains après 1968

Footloose

ImageFilm musical de Herbert Ross, avec Kevin Bacon, Lori Singer, John Lithqow, Dianne West, Christopher Penn, Etats-Unis, 1984, 107 minutes.

A Bomont, une petite ville traditionnaliste de l’ouest des Etats-Unis, la danse est banie pour des raisons de moralité. Mais un jeune garçon venu de Chicago, Ren, est bien décidé à faire bouger les choses.

Après avoir connu un grand succès à sa sortie, Footloose s’est ensuite imposé comme une œuvre culte, régulièrement mentionnée comme l’un des films de danse les plus marquants de ces 30 dernières années. Mais il m’a personnellement un peu déçu, tant en ce qui concerne son intrigue que sa partie dansée.

ImageCertes, le film a d’incontestables qualités. Son scénario, en partie fondé sur des événements réels ayant eu lieu à la fin des années 1970 dans une petite ville de l’Oklahoma, Elmore City, est relativement robuste. En particulier, l’atmosphère étouffante de conservatisme obtus, de conformisme hypocrite et de violence machiste qui règne à Bomont est rendue de manière assez convaincante.

ImageFootloose présente également une galerie de personnages attachants, dont les caractères complexes sont décrits avec finesse. Le révérend Shaw More (John Lithgow), qui condamne dans ses sermons la pratique de la danse, n’est pas un intégriste fanatique, mais un homme droit et sincère, douloureusement blessé par la vie. Sa fille, la séduisante et athlétique Lori (Ariel Moore), est en proie à de sombres pulsions suicidaires quand elle ne fait pas le coup de poing avec ses ex-petits amis. Le personnage principal, Ren Mc Cormick (Kevin Bacon), n’est pas un rebelle hostile à l’ordre établi, mais un garçon équilibré, simplement choqué qu’un plaisir innocent qu’il aime pratiquer soit victime d’un interdit arbitraire.

ImageMais cette absence de manichéisme nuit à la force de l’intrigue. En effet, les personnages principaux de Footloose sont finalement tous des braves gens, parfaitement incapables – hormis quelques vigoureux coups de poings entre jeunes garçons – de se faire volontairement du mal les uns aux autres. A l’image de la femme du révérend, Vi (Dianne Wiest), affectueuse et compréhensive jusqu’à la nausée. Privé de méchants, de rebondissements violents et donc de suspense, le film, chronique d’un non-événement dans une ville paisible de l’ouest américain, s’achemine alors tranquillement vers un happy end sans intérêt : l’organisation d’un « party » entre jeunes gens conventionnels et un peu ringards, comme il s’en déroule plusieurs milliers chaque soir aux Etats-Unis.

ImagePar ailleurs, je n’ai pas été du tout convaincu par la partie dansée du film, qui souffre structurellement du fait que Footloose est construit autour d’un scénario évoquant… l’absence de la danse !!! Pourtant, les images du générique, qui montrent en gros plan une succession de pieds dansants, revêtus de différents styles de chaussures, sont originales et prometteuses.

ImageMais il faut ensuite attendre plus d’une demi-heure pour assister au premier véritable numéro de danse : un solo de Kevin Bacon dans un hangar à moitié désaffecté. Interprété sur un fond de musique Rock, ce mélange tonique de danse jazz et de gymnastique rythmique exprime assez bien le sentiment de révolte de Ken, étouffant dans les conventions étriquées de sa petite ville d’adoption comme il étouffe entre les murs du hangar. Mais une chorégraphie donnant à mon goût une trop large place à des sauts spectaculaires et l’utilisation sans doute excessive d’effets spéciaux (ralentissements, accélérations, arrêts sur image) laissent in fine une impression désagréable de tape-à l’œil.

ImageSuivent une série de séquences sans grand intérêt : soirées de night club où les danseurs se dandinent sans grâce en attendant la prochaine bagarre ; apprentissage hésitant de la danse, à partir d’un niveau de nullité crasse, par l’ami de Ken, Willard (Christopher Penn)… Quant aux duos dansés homme-femme, on n’en trouve aucun dans Footloose qui soit artistiquement digne de ce nom.

ImageNous en arrivons maintenant à la scène finale de la soirée dansante – la pratique de ce loisir ayant finalement été autorisée dans la ville. Et là encore, grosse déception ! Le décor, les vêtements, les visages, les mouvements des corps y semblent tous affectés d’un désolante ringardise. Et, malgré quelques solos fugitifs et très passables de hip-hop ou de disco, la qualité de la danse ne s’y élève jamais au dessus du médiocre. Ni représentation réaliste d’une « surprise party » ordinaire, ni véritable séquence chorégraphiée de haute volée, cette scène finale désoriente le spectateur et le laisse sur sa faim.

ImageMalgré des réactions très mitigée de la critique, Footloose attira à sa sortie un public nombreux, s’imposant comme un succès majeur au box-office. Sa bande musicale, associant Rock Disco et Pop reçut également un accueil chaleureux. Ce fut tout particulièrement le cas de la chanson-titre, Footloose, qui devint un hit et reçut en 1985 l’Oscar de la meilleure musique originale. Le film a depuis lors fait l’objet d’une adaptation à la scène en 1999, d’une série télévisée et même d’un remake en 2011.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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