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Films musicaux nord-Américains après 1968

All That Jazz (Que le spectacle commence)

ImageFiction musicale de Bob Fosse, musique de Ralph Burns, avec Roy Scheider, Jessica Lange, Leland Palmer, Ann Reinking, Erzsébet Földi, Etats-Unis, 123 minutes, 1979.

Joe Gideon (Roy Schneider), un chorégraphe à succès, prépare simultanément une comédie musicale à Broadway et un film à Hollywood.

Mais, miné par les addictions et sa vie déréglée, il tombe gravement malade.

ImageSur son lit d’hôpital, il évoque sa vie passée en compagnie de l’ange de la Mort, Angelique (Jessica Lange), tandis que les répétitions se poursuivent dans une atmosphère de plus en plus onirique, où son agonie se transforme elle-même en spectacle.

ImageBob Fosse (1927-1987) fut l’un des artistes les plus marquants de la comédie musicale américaine de la seconde moitié du XXème siècle. Après débuté sa carrière comme danseur, à l’expression à la fois tonique et drôle, c’est surtout en tant que  chorégraphe et metteur en scène qu’il va connaître un très grand succès à partir du milieu des années 1950. Il monte à Broadway de nombreuses comédies musicales (Redhead, Little Me, Sweet Charity, Chicago…) dans un style métissé et haut en couleur. A la fin des années 1960, il se lance également, dans le cinéma, réalisant notamment en 1972 le célèbre film musical Cabaret, avec Liza Minnelli dans le rôle principal.

ImageAll That Jazz, avant-dernier film mis en scène par Bob Fosse, présente un caractère fortement autobiographique, encore souligné par le fait que plusieurs de ses acteurs interprètent pratiquement leur propre rôle. Leiland Palmer, ex-femme de Bob Fosse, joue par exemple le rôle d’Audrey Paris, ex-épouse de Gideon, tandis que le rôle de la petite amie en titre, Katie Jagger, est interprété par la compagne de l’époque de Bob Fosse, Ann Reinking (Everything Old Is New Again). Bob Fosse est d’ailleurs lui-même décédé en 1987, quelques années seulement après le tournage de All That Jazz, alors qu’il avait été pressenti pour assurer l’adaptation à l’écran de Chicago, une de ses plus célèbres comédies musicales de Broadway. All That Jazz apparait ainsi comme une étrange prémonition de son destin.

ImageL’intensité tragique de ce riche scénario, servi par d’excellents interprètes – Erzsébet Földi en adolescente souffrant de l’indifférence de son père, Audrey Paris en ex-épouse toujours attachée à son ancien compagnon et cherchant à le protéger de lui-même, Jessica Lange en ange de la mort mystérieuse et attentive, et surtout Roy Schneider en artiste génial et séducteur miné par les excès, tentant désespérément de s’accrocher à la vie –  aurait suffi à faire de All That Jazz un excellent film.

ImageSa thématique, à la fois sombre, intimiste, et frôlant parfois une réflexion philosophique sur la mort, contraste avec celles, en général plus légères, de la plupart des comédies musicales. Il s’agit d’ailleurs là d’une sorte de « marque de fabrique » de Bob Fosse, qui affectionne les rapprochements baroques et grinçants entre le tragique du monde réel et l’univers onirique de la scène : montée du nazisme vue d’une boite de nuit interlope dans Cabaret, faits divers criminels parodiés en spectacle dans Chicago, images de maladie et d’agonie se mélangeant à celles d’un « show » vibrant de vitalité dans All That Jazz.

ImageComme dans Cabaret et Chicago, c’est d’ailleurs cette friction douloureuse entre une réalité déplaisante et un son reflet transcendé dans le monde du spectacle qui constitue l’un des principaux ressorts des magnifiques chorégraphies, colorés et baroques, qui se succèdent au cours du film : superposition de représentations très crues de la maladie et de scènes de danse Jazz (You Better Change Your Ways) ; dernières étapes de l’agonie et de la mort représentées dans une chorégraphie poétique et intense (Bye Bye Life)… Si l’on ajoute à cela l’érotisme exacerbé et provoquant de certains ballet (Take Off With Us) et l’impressionnant gigantisme des scènes de casting rassemblant plusieurs centaines de figurants (On Broadway), on obtient un film de qualité exceptionnelle.

ImageMême si certaines réserves furent exprimées sur son côté quelque peu narcissique et égocentrique, All That Jazz obtint effectivement à sortie un très gros succès auprès du public comme de la critique, décrochant notamment 4 Academy Awards et la Palme d’or au Festival de Cannes 1980.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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