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Cinéma de danse et de musique européen

Faubourg 36

ImageFilm musical de Gérard Barratier, musique de Reinhardt Wagner avec des paroles de Frank Thomas, avec Gérard Jugnot, Clovis Cornillac, Nora Arnezeder, Bernard-Pierre Donnadieu, Kad Merad, Pierre Richard, France/Allemagne/Rép. Tchèque, 2008, 120 minutes.

Paris, 1936. A la veille de l’arrivée au pouvoir du Front populaire, un music-hall de faubourg, le Chansonia, est à l’agonie. Un groupe de techniciens et d’artistes, dirigé par Gérard Jugnot (Pigoil), Clovis Cornillac (Milou) et Kad Merad (Jacky) va tenter de le sauver. Ils sont aidés par Galapiat (Bernard-Pierre Donnadieu), un affairiste véreux d’extrême-droite, amoureux de la jeune chanteuse Douce (Nora Arnezder). Mais ne s’improvise pas entrepreneur de spectacle qui veut …

ImageC’est avec une certaines tristesse que je rédige la chronique de ce film sympathique. Par son double ancrage dans l’histoire et dans la culture populaire française, celui-ci avait en effet éveillé mon intérêt. Mais je dois malheureusement admettre qu’il s’agit d’un semi échec, à la fois en tant qu’œuvre cinématographique qu’en ce qui concerne plus particulièrement sa partie dansée et chantée.

ImageDans la lignée de son précédent succès, Les choristes, le réalisateur met en scène la lutte de personnages sincères et généreux contre les forces négatives -méchanceté, avidité, bêtise – qui maintiennent l’Humanité dans le malheur. Gérard Jugnot est une nouvelle fois excellent dans le personnage du « looser » idéaliste luttant avec un courage désespéré contre la laideur du réel. Il est efficacement secondé par Clovis Cornillac dans le rôle du jeune militant communiste révolté et fort en gueule. Le personnage du môme Jojo, fils de Pigoil passionné d’accordéon (Maxence Perrin) dégage une fraîcheur communicative de titi parisien. Quant à Pierre Richard, il est fort attachant dans le personnage de Max, vieux musicien lunatique taraudé par un douloureux secret de jeunesse.

ImageLes décors du film sont par ailleurs splendides. Le quartier du faubourg où se déroule l’intrigue a été entièrement reconstitué, de manière délicieusement stylisée et idéalisée, dans la campagne tchèque. L’intérieur du vieux théâtre – lui aussi construit pour les besoins du film – est merveilleux de réalisme pittoresque. L’ancrage du scénario dans les événements de 1936 donne au film – au moins dans la première demi-heure –  un séduisant aspect de fresque historique. Les plans sont souvent filmés avec originalité (arrivée tournoyante depuis le ciel de Paris jusqu’à la jolie façade du Music-Hall dans la première scène du film).

ImageCes qualités sont malheureusement gâchées par plusieurs faiblesses majeures. Douce, la jeune chanteuse, est anachronique dans son élocution comme dans ses attitudes. Galapiat, mélange improbable de toutes les catégories honnies – spéculateur immobilier, gangster, dirigeant fasciste – est invraisemblable dans sa polyvalence maléfique comme dans son amour pour Douce. Sa rivalité amoureuse, doublée d’une opposition politique, avec Milou, est tissée de clichés et d’invraisemblances. L’arrière-fond historique est assez rapidement perdu de vue et ne s’intègre pas naturellement, comme on aurait pu l’espérer dans les premières scènes, à l’intrigue principale. Quant à celle-ci, elle s’enlise progressivement dans un scénario entortillé aux rebondissements incohérents.

ImageMais surtout, j’ai été très déçu par la partie musicale et dansée du film. Passe à la rigueur pour la première partie, censée recréer l’atmosphère d’un vieux music hall à la dérive, dont les artistes ringards et sans talent font fuir le public. Encore que Bandwagon ou Chantons sous la pluie avaient réussi à créer sur ce thème, contrairement à Faubourg 36, d’inoubliables scènes comiques, chantées et dansées !!

ImageLes choses se gâtent surtout dans la seconde partie du film, censée nous raconter la résurrection du music-hall sous la talentueuse direction artistique de Max, et qui devrait donc naturellement nous enthousiasmer. Las !!! Les chansons interprétées par Douce (Loin de Paname, Un recommencement, Attachez-moi, Enterrée sous le bal) ne parviennent pas dans l’ensemble à recréer de manière convaincante l’atmosphère de la chanson française de l’époque. Les mélodies manquent de relief, et le style des paroles est parfois anachronique, avec des tournures poétiques rappelant davantage Léo Ferré que Fréhel. Certaines chansons interprétés par Kad Merad (Il y a, Est-ce que Raymonde est blonde ?), ont un gentil parfum de Charles Trenet ou de Fernandel, mais sans égaler le talent des originaux.

ImageEnfin, les différents tableaux de la mini-comédie musicale illustrant les acquis sociaux du front populaire (Partir pour la Mer) sont dans l’ensemble d’une assez grande pauvreté. Malgré quelques jolis ballets colorés rappelant les comédies musicales de Gene Kelly, la partie dansée en est particulièrement médiocre, tenant parfois davantage de la fête de patronage bon enfant que d’un film musical digne de ce nom.

ImageQuel dommage, car j’aurais tellement voulu ne dire que du bien de cette tentative sympathique et à maints égards talentueuse !!!!        

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia.

Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Pour quelques extraits vidéos : cliquez sur : allociné.

Fabrice Hatem

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