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Films musicaux nord-Américains après 1968

Dirty dancing

Fiction de Emilie Ardolino, Etats-Unis, 1988, 96 minutes

ImageEté 1963. En villégiature avec sa famille dans un club de vacances de Virginie, une adolescente, Baby, découvre la danse et l’amour dans les bras de l’un des animateurs du centre, Johnny. Leur liaison pourra-t-elle survivre aux préjugés et aux conventions sociales ?

Basé sur un scénario en partie autobiographique d’Eleanor Bergstein, ce film-culte séduit d’abord par la qualité de sa bande musicale et par ses scènes torrides de Mambo et de Dirty dancing – une danse lascive aux connotations érotiques très marquées.

Le film recrée de manière très convaincante l’atmosphère d’un club de vacances fréquenté par les familles de la upper-middle class américaine. Un mélange de Club Méditerranée et de pension de famille de luxe, avec ses activités de loisir un peu conventionnelles : danse de salon, golf, canotage sur le lac…. Le fort clivage social opposant des clients assez âgés et fortunés à un personnel d’animation jeune, aux origines modestes, et traité sans ménagement par la direction du centre, constitue l’un des principaux ressorts dramatiques de l’oeuvre.

Derrière les conventions d’une société encore très guindée et conservatrice, on sent déjà poindre la révolution des mœurs qui va bouleverser les Etats-Unis à partir du milieu des années 1960 : manifestation en faveur de l’égalité civique, libération des mœurs et notamment du désir féminin, contestation par la jeunesse des conventions sociales.

La liaison entre Baby et son professeur de danse présente une intéressante ambiguïté : peut-être ne s’agit-il que d’un amour de vacances sans lendemain entre une adolescente favorisée, naïve, idéaliste et un jeune homme d’origine plus modeste, confronté aux difficultés réelles de la vie. Mais ces deux-là dansent si bien le mambo ensemble qu’on ne peut exclure l’idée d’une relation plus durable… Une interrogation sur laquelle le film se termine…

Il y a bien quelques naïvetés dans Dirty dancing, comme ce happy end joyeux- d’ailleurs très réussi sur le plan chorégraphique – où les jeunes animateurs et les clients de l’hôtel se mettent à danser ensemble comme si tous les clivages qui les séparent – d’âge, de fortune, etc.- avaient subitement disparu d’un coup de baguette magique. Dirty Dancing n’en reste pas moins une œuvre excellente, à la fois comme film de danse et comme analyse de l’évolution des mœurs dans la société américaine du début des années 1960.

Fabrice Hatem

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