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Reflets du cinéma latino-américain

Sudoeste (sud-ouest)

Fiction brésilienne de Eduardo Nunes, 2011, 128 minutes

ImageBousculant les règles du temps, ce film fantastique est difficile à raconter clairement. Une jeune femme enceinte de père inconnu meurt, une nuit, dans une lugubre auberge-moulin située au bord d’une lagune. La sage-femme un peu sorcière qui n’a pu la sauver emmène avec elle le nouveau-né dans la cahute sur pilotis qu’elle habite au  milieu du lac. Devenue petite fille, l’enfant aborde sur la terre ferme et se rend au village, accompagnée par un homme dont on comprend qu’il s’agit du père de la jeune femme morte le nuit précédente. L’héroïne, dont on ne sait s’il s’agit de la fille ou de la réincarnation de la mère morte, parcourt ensuite, en une seule journée de notre temps, les étapes de sa vie, jusqu’à se rendre, devenue vieille femme, dans l’auberge où s’est produit le drame la nuit précédente : là, elle découvre de secret de ses origines.  ¨

La principale qualité de ce premier long-métrage du réalisateur Eduardo Nunes, tient à l’inspirante beauté de ses images en noir et blanc. Le moulin de l’auberge tourne en grinçant dans la nuit comme la roue du destin. Les salines de la lagunes ouvrent sur l’infini du ciel.  Le village et ses maisons en torchis semblent figés dans une angoissante éternité. L’arrivée d’un personnage monstrueux et grimaçant  accompagné d’une fanfare provoque un sentiment d’effroi. L’incendie de la cabane sur pilotis semble la figure même du malheur.

Le problème, c’est que l’intrigue, trop embrouillée ou mal introduite, ne fonctionne pas très bien. On met pas mal de temps, en particulier, à comprendre que la convention temporelle est rompue, et qu’une vie entière est en train de défiler en un seul jour. Les évolutions trop rapides du personnage principal, incarné par cinq actrices différents, font qu’on n’a le temps de s’attacher à aucune. Finalement, ce film échoue (peut-être de peu), à entraîner le spectateur dans le monde fantastique et inquiétant qu’il cherche à créer, et le laisse, dubitatif et un peu ennuyé, au bord du chemin. Restent tout de même les très belles images de la lagune…

Fabrice Hatem

(Vu au festival Filmar en Americalatina, à Genève, le dimanche 18 novembre 2012)

www.filmar.ch 

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