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Reflets du cinéma latino-américain

Central do Brazil

Walter Salles, Brésil, 1998, fiction, 35 mm, 106 min,

ImageJe suis sorti de ce film les larmes aux yeux. Cette histoire bouleversante d’une rédemption par l’amour est pour l’instant la plus belle œuvre qu’il m’a été donné de voir au festival « Filmar en America latina » qui se déroule actuellement à Genève.

Dans un Brésil pauvre et violent, une institutrice à la retraite, dure et égoïste, arrondit ses fins de mois en tenant le rôle d’écrivain public. Le fils de l’une de ses clientes, devenu brutalement orphelin, n’a qu’une idée : rejoindre son père, parti il y a des années à l’autre bout du pays. Il erre seul, sans toit,  dans le quartier, où il ne connaît plus maintenant que la vieille femme.

Celle-ci est partagée entre compassion et égoïsme. Elle le recueille chez elle, puis le vend à un réseau de trafiquants d’enfants, mais revient l’arracher de leurs griffes au péril de sa vie. Commence alors pour les deux personnages un long et magnifique voyage à travers le Brésil à la recherche de ce père rêvé, dont on se doute d’emblée qu’il n’est en fait qu’un pauvre ivrogne.

L’intrigue, passionnante, se déroule ensuite sur deux plans.

Le premier, réaliste, est celui d’une « road movie » sentimentale, avec ses beaux paysages du sertao, ses gares routière minables, ses rencontres de hasard, ses lieux de pèlerinage évangéliques, ses  incidents tragiques comme la perte de tout leur argent qui réduit les protagonistes au rang de vagabonds obligés de voler pour survivre. De fausses adresses en autocars manqués, on se demande jusqu’à la dernière seconde si l’enfant parviendra à retrouver sa famille.

Le second, métaphorique, est celui d’une rédemption par l’amour, sur un fond discret de grâce chrétienne. La vieille femme et l’enfant, d’abord séparés par une sorte d’hostilité dont on comprend qu’elle n’est que l’expression de leur désarroi et de leur solitude, finissent par trouver les chemins d’un amour réciproque et salvateur.  Et le message magnifique de ce film, c’est que cette possibilité d’amour est partout présente, dans le cœur d’un camionneur solitaire comme dans celui d’une vieille égoïste, d’un enfant des rues ou d’un ivrogne irresponsable.

Mal filmé, cette morale pourrait paraître un peu mièvre. Mais la maestria de Walter Sales nous offre un film  bouleversant, que je vous invite à voir, si l’occasion s’en présente, toutes affaires cessantes.

Fabrice Hatem

(Vu au festival Filmar en America latina, à Genève, le mardi 20 novembre 2012)

www.filmar.ch

 

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