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Reflets du cinéma latino-américain

Canícula

Documentaire mexicain de José Alvarez,2011, 65 minutes ImageLe cinéaste José Alvarez était déjà allé à la rencontre, dans Florès en el desierto, d’une communauté indienne Huichol du Mexique.  Dans Canícula, il dresse cette fois le portrait des habitants d’un village totonaque, Paplanta, situé dans la région de Vera Cruz. Le récit entrecroise deux fils directeurs : d’une part l’activité de fabrication de poteries artisanales par les femmes du village ; d’autre part, la préparation par les jeunes hommes d’une étrange cérémonie rituelle, celle des voladores. Accrochés par des cordes à un très haut mât, quatre hommes imitent, en tournoyant vers le sol, le vol des oiseaux, au son de la flûte indienne et du tambourin.

Le film se regarde avec plaisir du fait de la beauté des images (nature, ateliers de poterie, danses et vols rituels). Un montage subtil et équilibré s’attarde le temps nécessaire sur les gestes de la vie quotidienne, sans laisser s’instaurer l’ennui. L’oeuvre transmet avec efficacité un sentiment d’intérêt et de respect pour cette culture et ces traditions que les habitants s’efforcent de préserver. En particulier, la découverte, à la fin du film, de magnifiques ruines de pyramides (sans doute maya ??) fait comprendre que les protagonistes du documentaire sont en fait les héritiers directs d’une civilisation puissante et évoluée, dont ils perpétuent quelques traces à leur petite échelle.

La proximité physique, quasi corporelle, des hommes à la nature (mains d’artisans pétrissant l’argile ou la pâte à pain, femmes marchant pieds nus sur la terre, baigneuse se lavant nue dans une cascade, etc.) donne également lieu à des séquences d’une très grande beauté, malgré leur caractère peut-être un peu trop didactique sur le thème de l’authenticité rurale et de la supposé osmose homme-nature dans les sociétés indiennes traditionnelles. Fort heureusement, l’absence de commentaire « off » (la parole est entièrement laissée aux habitants, qui commentent sobrement les actes de leur vie quotidienne), nous épargne tout laïus convenu sur les méfaits supposés de la colonisation espagnole ou les ravages de l’agriculture industrielle.

Un excellent film, sensible, instructif et bien monté.

Fabrice Hatem

 

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