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Lieux de danse à Paris

Sacrée milonga : joyeux dimanches dansants au coeur de Paris

Dimanche 29 Juillet 2012

ImageAu deuxième étage d’un immeuble moderne de la rue des petites Ecuries, dans le 10ème arrondissement de Paris, deux célèbres studios de danse se côtoient sur le même palier : à gauche, celui de Bianca Li ; à droite celui de Peter Goss. Celui-ci se présente comme une grande salle rectangulaire de près de 300 mètres carrés, munie d’un beau parquet, aux murs couverts de barres de danse et de miroirs, et dont l’un des côtés, dans le sens de la longueur, est illuminé par de très grandes fenêtres. C’est aussi un espace sans apprêt, où l’on peut voir, en levant les yeux, la charpente en béton brut et de gros tuyaux d’alimentation, qui ne sont cachés par aucun faux plafond.

ImageCette salle avait déjà été utilisée à plusieurs reprises dans le passé comme lieu de pratique de tango. Après une interruption de plusieurs années, Akira Natchi a repris cette tradition en y organisant, tous les dimanches entre 17h30 et 22h30, sa « Sacrée Milonga » : un évènement au climat agréable, structuré par une programmation intelligente, et organisé avec beaucoup de professionnalisme.

ImageDès que l’on arrive à la Salle Peter Goss, on se sent efficacement pris en mains pour passer, en quelques instants, du statut d’homme de la rue anonyme à celui de tanguero reconnu. Tout en payant son écot – 10 euros – à la très large table qui, dans le vestibule, fait face à la porte d’entrée, on peut consulter l’un des multiples flyers, revues  et ouvrages qui y sont exposés, complétant ainsi utilement sa connaissance du circuit tanguero du mois. Il y a aussi dans, de temps à autres, un stand de chaussures de danse, une dédicace de livres…

ImageOn va poser ses affaires et changer de chaussures dans le grand vestiaire prévu à cet effet, avec bancs, douches, lavabos et porte-manteaux. Luxe incroyable pour des tangueros parisiens, habitués à se voir proposer ailleurs des conditions bien plus sommaires !

Puis on rentre dans la grande salle de danse. On serre quelques mains, dont, rite presque obligé, celle du maître des lieux, Akira. Celui-ci est habituellement debout, derrière ses platines, juste à droite de la porte d’entrée… lorsqu’il ne part pas un court instant s’occuper du buffet, situé de l’autre côté de la salle, devant une fenêtre. Signe de cette double fonction de Dj et de maître-queux, il est toujours vêtu d’un impeccable tablier de cuisine, vêtement assez original pour un organisateur de milongas.

ImageOn va ensuite s’asseoir à l’une des tables installées sur les trois côtés de la piste – le dernier, au fond, n’étant occupé que par un grand miroir. La socialisation est facilité par l’amplitude et la luminosité du lieu : on voit bien les danseurs des autres tables, on se déplace facilement pour les saluer. Il y a beaucoup de place, près de la porte d’entrée de la salle, autour du buffet, ou dans le grand vestibule, pour se regrouper entre amis et papoter, sans être gêné par le bruit des autres conversations ou par la musique.

ImageBonne sono, bonne programmation : le bal se passe très agréablement.

Sa fluidité est facilitée par la taille imposante de la piste – et aussi par les recommandations très précises fournies aux danseurs sous la forme d’un petit feuillet plastifié édictant des règles de bon comportement dans la milonga, et dont un exemplaire est disposé sur chaque table : ne pas bousculer le voisin, ne pas chercher à impressionner le public par des figures acrobatiques, écouter la musique, danser dans le sens du bal, éviter de couper par le centre, etc.

ImageJusqu’à 20 heures, le public est essentiellement constitué par une clientèle de tangueros adultes. A partir de 20 heures, commencent à arriver les « jeunes » du Tango nuevo, qui comme toujours, font un peu bande à part. Mais ce n’est pas la faute d’Akira…

Des stages, appelés ici « master’s class », ont lieu de temps à autres durant le week-end. Ils sont animés en général par une équipe de professeurs parisiens (Maria Filalli, Jean-Sébatien Rampazzi), mais parfois également par des invités étrangers (Murat et Michèle Erdemsel, Homer et Christina Ladas à la rentrée prochaine).

ImageUne fois par mois environ, un musiciens ou un orchestre viennent égayer l’ordinaire de la musique enregistrée, comme par exemple Joe Powers, Gustavo Gancedo, ou encore le quatuor Alejandro Zeller, programmé le 30 mars dernier, qui a ce jour-là  soulevé la salle par son énergie.

Les prix d’entrée deviennent alors un peu élevés que pour une milonga ordinaire. Mais Akira a fait le choix – et pris le risque – d’une programmation de bonne qualité artistique, qui nécessairement a un coût.

ImageQuand on est fatigué de danser, il y a le buffet gratuit.

Simple, mais abondant : des fruits frais et secs, de l’eau et des jus de fruit, des gâteaux secs, des chips…

Un moment de détente qui permet de ne jamais souffrir de la soif ni de la faim.

Et aussi d’échanger quelques mots, autour d’un verre, avec les autres danseurs.

Tout cela semble se faire presque naturellement : Imagela musique joue, les verres sont remplis, les tables sont propres et bien alignées, des éventails y sont disposés pour le confort des danseurs… Surement par une opération du Saint-Esprit tanguero ? Non, plutôt par l’efficacité et le professionnalisme de l’équipe de bénévoles qu‘Akira a réuni autour de lui, et dont chacun s’affaire avec diligence et discrétion. On ne peut s’empêcher de penser, avec tendresse, que pour être tanguero et francophile, Akira n’en reste pas moins… japonais, c’est-à-dire issu d’un peuple où l’ordre, la propreté, la rigueur, l’esprit de groupe et la modestie sont perçues comme des qualités essentielles.

ImageC’est un garçon bouillonnant, enthousiaste, un amoureux de la danse. Un véritable entrepreneur dans l’âme. On le sent constamment à l’affut d’idées nouvelles, d’opportunités pour développer les activités de sa « Sacré milonga ». Une forte personnalité aussi, exprimant de manière explosive, directe ses sympathies, ses enthousiasmes… Son humour parfois ravageur, provocateur, qui n’épargne personne, surtout pas lui-même, ne l’empêche pas d’être, au fond, un tendre, plein d’affection pour les danseurs.

ImageLorsque l’on sort de la « Sacrée milonga », et si la faim vous prend, on a la ressource d’aller diner dans l’une des nombreux Kebap ou restaurant indien des environs – nous sommes ici en plein quartier turc et pakistanais – dont certains offrent une cuisine plus que convenable.

Faites aussi un crochet par le New Morning, qui se trouve tout à côté : il y a peut-être un bon concert ce soir-là !!!

Fabrice Hatem

Pour tout renseignement complémentaire : http://sacremilonga.fr  

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