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Généralités sur Cuba et la culture cubaine

Cuba, enfer ou paradis ?

photsiboney Un Cubain meurt. Comme il s’est bien comporté toute sa vie, il monte au Paradis.

Là-haut, c’est très confortable, mais un peu ennuyeux.

Alors, il demande à Saint-Pierre l’autorisation de descendre huit jours en Enfer, par curiosité.

Il y arrive quelques jours plus tard, dûment muni de son visa touristique et de ses économies en devises fortes du Paradis.

Là c’est formidable : il est entouré de jolies filles pas du tout farouches, il danse la Salsa et écoute de la musique de Son toute la journée et toute la nuit. Il se baigne dans des plages merveilleuses, aucune voiture n’encombre les rues (sauf son taxi personnel, une rutilante Buick décapotable 1953). Tout le monde est aux petits soins pour lui, et même les Diables chargés du maintien de l’ordre infernal sont très serviables. Bref, c’est tout le temps la fête, et, en plus, la vie n’est pas chère.

Au bout de huit jours, il retourne, à contre-cœur, dans son ennuyeux Paradis.

Très remonté, il dit à Saint-Pierre qu’il veut aller vivre en Enfer.

Un peu vexé, Saint-Pierre le laisse partir, muni cette fois de ses papiers de résident en Enfer. Avant de descendre, il convertit, bien sur, toutes ses économies du Paradis en monnaie de l’Enfer.

Il arrive, tout joyeux, en Enfer pour retrouver ses jolies copines. Mais, dès que les portes de plomb se referment derrière lui, les Diables en uniforme commencent à le piquer avec leurs fourches en lui demandant sans arrêt ses papiers, puis le plongent dans une marmite d’huile bouillante (à moitié pleine seulement, à cause du rationnement).

Plus de filles, plus de plages, plus de danse, plus de musique. Même Internet n’est pas accessible. Et, au bout d’un moment, il commence à avoir faim, car il n’y a rien à manger : la nourriture se paie en monnaie du Paradis, et la monnaie de l‘Enfer ne vaut rien.

Il est très décu, il a peur, il est sale, il est affamé, il ne comprend pas. Il demande à un Diable qui avait été très aimable avec lui lors de sa première visite : « Mais pourquoi n’ai-je pas le droit de me baigner dans la piscine de l’hôtel ? Où sont mes jolies cavalières ? Où sont les boites de nuit ? Où trouver une liaison Internet haut débit ? Comment faire pour acheter à manger ? Où est le savon ? Où trouver du papier des cabinets ? »

Alors, le Diable lui répond en ricanant et en lui donnant un coup de fourche : « Tu es Cubain, tu sais bien… Tout ça, c’est pour les visiteurs de passage. Mais maintenant, tu es résident… Si tu veux manger ou acheter du savon, fais comme les autres : essaye de t’improviser guide pour les touristes ou de leur donner des cours de Salsa… Mais, je te préviens : c’est una violación de la Ley, et si on te prend sur le fait, tu seras puni… »

Voila ce qui se chuchote aujourd’hui dans les rues de la Havane ou de Santiago, après avoir vérifié qu’aucun flic ou aucun indic ne passent à proximité.

Fabrice Hatem

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