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Danse et danseurs

Juanito Ramos Delgado : un grand enseignant de Son

Juanito Ramos Delgado : un grand enseignant de Son

novjuan1 Juanito « El Chivo » m’avait été présenté au printemps 2010 par son frère Reinaldo « Flecha », à Genève, où j’avais pris avec lui un inoubliable cours de son. Je l’ai ensuite retrouvé, la même année, au stage d’été de Novalaise. A chaque fois, j’ai été impressionné par la clarté et l’exigence de sa démarche pédagogique. J’ai profité de quelques pauses entre deux cours pour l’interroger sur sa carrière.

Quel sont tes origines ?

novjuan3 Je suis né dans le quartier populaire de Guanabacoa, dans une famille d’artistes. Mon père, Juan de Dios Ramos Morejon, et ma mère, Conceccion Delgado, étaient deux très grands artistes de la danse afro-cubaine, premiers danseurs du Conjunto Folklorico Nacional. Ils m’ont enseigné la danse dès mon plus jeune âge, en même temps qu’à mon frère, Reinaldo « Flecha », avec qui j’ai un an d’écart et qui habite aujourd’hui Genève. J’ai bien sur eu d’autres professeurs de danse, dont la très grande danseuse Zenaida Amantero.

novraices2 J’ai commencé ma carrière de danseur alors que j’étais tout enfant, dans la compagnie Cumbaye dirigée par Orio Bustamante. Cela a été pour moi comme une introduction à l’art et à la culture afro-cubaine. Puis j’ai intégré en 1985 la compagnie de danse Raices profundas qui a constitué ma première véritable expérience professionnelle.

Peux-tu nous parler plus en détails de cette compagnie ?

Elle existe depuis plus de 30 ans. Lorsque je l’ai intégré, elle était alors dirigée par mon beau-père et par ma mère. novraices1 J’ai commencé comme danseur suppléant, pour tester mes capacités d’apprentissage. Puis j’ai été intégré comme danseur titulaire et aussi comme percussionniste. Vers 1992, j’ai moi-même commencé à enseigner les danses afro-cubaines au sein de la compagnie. J’ai pu ainsi développer mes possibilités artistiques comme danseur, professeur, et même chorégraphe à partir de 1997.

Le travail de cette compagnie était essentiellement orienté vers la danse populaire : rumba, afro-cubain, son, mambo… mais on faisait aussi de la danse classique.

Quels sont tes souvenirs les plus heureux ?

La compagnie a donné un grand nombre de spectacles. Je garde un très fort souvenir de nos rencontres avec d’autres artistes cubains, novjuan2 comme Carlos Embale, Celeste Mendozo, Chucho Valdes, Pablo Milanese, ou des groupes comme le Conjunto Folklorico de Camaguey, Los Van Van, Irakere, etc.

Le travail avec Raices Profundas m’a également permis de sortir de mon pays avec ma famille. Le premier voyage s’est fait en 1990. Mais celui qui m’a la plus marqué a eu lieu vers le Japon en 1992, à l’occasion d’un très grand spectacle, Noche tropical, chorégraphié par Santiago Alfonso, auquel participaient beaucoup des meilleurs artistes cubains de l’époque, comme Celeste Mendoza, le Conjunto Folklorico Nacional, le ballet national de Cuba, Los Irakere, Los Papines. Nous étions 160 artistes dans la troupe. Cela a représenté pour moi une expérience de rencontre avec des artistes cubains et étrangers.

Que peux-tu dire de ton expérience française ?

novjuan4 J’étais déjà venu en France en 1993 et 1996. Je me suis installé à Lannemezan après mon mariage, il y a près de 4 ans. J’ai trouvé ici un milieu ouvert à ma culture et intéressé par le travail des artistes cubains. Je gagne mieux ma vie ici qu’à Cuba, et j’y mène une existence plus tranquille. J’ai aussi davantage de possibilités de contacts pour pouvoir travailler dans le reste de l’Europe. Enfin, il existe en France et en Europe de nombreuses possibilités de rencontres avec des artistes africains.

Nous pouvons ainsi leur retransmettre l’héritage afro, parfois mieux conservé à Cuba qu’en Afrique, et peut-être, contribuer à créer une nouvelle culture de convergence.

Propos recueillis par Fabrice Hatem

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