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Historias minimas

Sale journée pour la cavalerie légère !!

leg1 – Eh, les gars !!! Marulaz a été blessé !!! C’est Bruyères qui commande les deux divisions maintenant !!!

– Bon sang !!! Il ne manquait vraiment que ça !! D’abord Laborde et Leduc, ensuite Lassalle, maintenant Marullaz !!! Y va bientôt plus rester un seul officier en selle !!!

leger1 – Tais-toi, p’tit Louis, que j’y dis. Si même ceux du 8ème hussard commencent à gamberger maintenant, qui est-ce qui va courir au cul des autrichiens ? Et puis, on l’a quand même gagné cette bataille !!!!

– Ouais, avec plus de 200 hommes blessés ou tués dans le régiment en deux jours, qu’y m’répond !!!! Encore deux ou trois batailles gagnées de cette façon, et on aura tous rejoint le Père éternel.

– La ferme et essuie ton sabre !! On y retourne pour y faire sortir le jus d’la tête, à ces gros cons d’kayserlicks !!!

legere14 J’avais beau crâner, je me rendais bien compte qu’il n’avait pas tout à fait tord, P’tit Louis. Le monde avait bien changé depuis Austerlitz et la campagne d’Allemagne, où on avait enfoncé les coalisés comme du beurre. Ici, à Wagram, les choses ne s’étaient pas passées aussi bien. D’abord, il y avait eu Essling, deux mois plus tôt, au même endroit, où les autrichiens nous avaient proprement expulsés de la rive gauche du Danube. Aujourd’hui, on s’était vengés, mais à quel prix pour la cavalerie !!!

leger2 Dès le début de la bataille, hier, on avait compris que cette fois-ci, les habits blancs étaient prêts à se battre comme des lions. En voyant l’infanterie de Rosenberg formée en carrés devant Ruzdendorff, à la gauche du champ de bataille, Lassalle et Marulaz, après plusieurs charges sans résultats, avaient préféré ne pas insister. On sentait bien que nos chefs, malgré leurs habituelles fanfaronnades, étaient préoccupés. Notre colonel, Laborde, galopait sans arrêt d’un escadron à l’autre en jurant sans arrêt, le sourcil froncé. Peut-être avait-il le pressentiment de sa mort, comme le Général Espagne l’avait eu à Essling deux mois plus tôt ?

carab4 Mais c’est surtout aujourd’hui que notre cavalerie en a pris plein la figure. A vrai dire, cela n’a pas commencé par nous, mais par la division Nansouty que Bessières a emmené se faire tuer pour protéger la marche du corps de Masséna vers le sud. 4000 cuirassiers et carabiniers chargeant directement sur les canons et les carrés autrichiens, vous imaginez le résultat : une boucherie sanglante. A part les carabiniers de Defrance, ils n’ont même pas pu arriver jusqu’aux lignes ennemies et ont du tourner bride au milieu de l’attaque, tant ils étaient hachés par la mitraille !! Même qu’on a cru un moment que Bessières s’était fait tuer par un boulet !! Voir ainsi 2000 camarades, parmi les plus costaud, aplatis en une demi-heure, ça vous fait forcément gamberger, même quand on veut faire le crâne.

legere3 De notre côté, on déblayait le terrain vers Essling pour préparer l’arrivée de l’infanterie de Massena. Puis on l’a accompagnée dans toutes ses attaques contre le corps de Klenau. On a ainsi passé l’après midi à charger les autrichiens avec l’infanterie. Mais ils résistaient bien, les enragés ! Non seulement on n’arrivait pas à disperser leurs carrés, mais ils contre -attaquaient dès qu’ils le pouvaient. Et quand ils ont commencé à reculer, vers 15 heures, ils le firent en bon ordre, sans aucun signe de panique.

leger4 D’ailleurs, c’est là, au moment de la poursuite, que les choses ont commencé à tourner mal pour notre régiment et la division Lassalle. Une poursuite de cavalerie, cela permet de disperser et d’anéantir l’armée ennemie si celle-ci est déjà suffisamment désorganisée pour reculer en désordre. Mais, dans le cas contraire, elle peut accueillir les charges de cavalerie par un feu efficace, provoquant des pertes importantes chez l’assaillant. Et c’est exactement ce qui s’est produit aujourd’hui.

leger5 En poursuivant l’armée autrichienne soi-disant vaincue, du milieu de l’après-midi à la tombée de la nuit, notre régiment et les deux divisions de cavalerie légère dont il faisait partie perdirent plus de monde que pendant les deux jours de bataille précédents. On chargeait les autrichiens, ils se mettaient en carré et tiraient sur nous, nous tuant à chaque fois bien du monde sans se laisser proprement sabrer, et parfois même contre-attaquaient. Ils avaient même assez de sang-froid pour continuer à utiliser leur artillerie. C’est ainsi que notre colonel, Laborde, fut transpercé d’un boulet au côté droit. Puis, ce fut au tour du grand général Lassalle d’être tué, d’une balle en plein front, par un grenadier du bataillon de Duka, devant Leopoldau, alors qu’il dirigeait une charge de cuirassiers.

legere7 Marulaz prit alors le commandement des deux divisions, dont notre régiment, le 8ème hussard, formait l’avant-garde. Continuant la poursuite, il chargea à notre tête une division d’uhlans et de chevau-légers qui protégeaient la retraite de leur infanterie. Quel panache dans ses paroles : « Hussards du 8°, je vous ai commandé pendant treize ans, mon nom vous est connu ; voici l’ennemi, j’espère que vous ne démentirez pas votre ancienne valeur. Chargeons, Marulaz est à votre tête ». Et aux cris de « Vive l’Empereur !!! » nous mettons en déroute ces cavaliers qui se réfugient derrière leurs carrés d’infanterie. C’est à ce moment que Marulaz a eu le tibia brisé par une balle.

leger6 Il est 22 heures maintenant, et nous avons arrêté la poursuite. Il paraît que la bataille est gagnée et que Marulaz s’en sortira sans amputation. Mais, tout de même, nous l’avons payé bien cher, cette victoire. Il n’a pas tout à fait tord, P’tit Louis : J’ai trente ans, ça fait maintenant dix ans que je roule ma bosse sur toutes les routes d’Europe, et j’aimerais bien poser mon sac, encore entier si possible, pour fonder une famille et élever mes enfants dans la paix.

 

 

 

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