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Vie culturelle

Les jours et les nuits de Mariana B., La Salida n°48 : Napo Tango, Théâtre Argentin

ImageEditeur : La Salida n°48, Avril-Mai 2006

Auteur : Mariana Bustelo

Napo Tango : des tangos à regarder, à lire et à écouter.

Récemment publié en France, le livre Napo Tango propose 21 tangos illustrés par le dessinateur humoristique argentin Napo, accompagnés d’interprétations musicales sélectionnées par Juan José Mosalini, et traduits en français. Il s’agit d’un approfondissement des personnages et des situations de l’univers tango peints avec les couleurs de l’arc-en-ciel et dans une édition très soignée. Lors d’une rencontre avec le dessinateur Napo, il nous confie « la cocina del libro ».

Comment l’idée est-elle née de faire votre livre Napo Tango ?

Napo : Dans ma vie, j’ai fait plusieurs dessins relatifs au tango et à la musique en général, mais c’était toujours des choses ponctuelles comme les couvertures des disques. J’ai voulu faire un livre, mais un livre qui apporterait quelque chose au tango. Je dessine toujours en écoutant la radio ou de la musique. C’est ainsi qu’il y a sept ans, quand je travaillais en écoutant des tangos, m’est venue l’idée d’illustrer des paroles de tango. Autrefois, on écoutait le tango comme s’il était une sorte de folklore et l’on accordait une grande importance aux paroles ; pratiquement, on composait de la musique pour accompagner les paroles. Il existe des thèmes où les paroles ont autant de valeur que la musique. Puis, dans les années 1950-1960 les paroles sont devenues secondaires par rapport à la musique.

Mais vous avez aussi choisi quelques tangos instrumentaux…

Napo : Au total, il y a 21 tangos illustrés, mais certains sans paroles et interprétés par Juan José Mosalini pour montrer que la musique peut être aussi illustrée.

Quand vous illustrez un tango, sur quel aspect vous focalisez-vous ?

Napo : J’illustre les personnages du tango, tout ce qui m’est inspiré par les paroles. Il s’agit d’une interprétation contemporaine et d’un point de vue particulier. L’humour, pour ma part, passe par l’interprétation des personnages qui font partie du tango, et non pas par la caricature. Le tango n’est pas abstrait, il est façonné avec tous ces personnages qui le rendent actuel.

Quels sont les défis que vous avez affrontés ?

Napo : J’en ai rencontré deux. Le premier, c’était de traduire les paroles en français, car il fallait connaître aussi bien l’argot argentin que l’argot français pour trouver l’équivalent de ce que les auteurs ont voulu dire à leur époque. L’autre défi, c’était de ne pas tomber dans une caricature du tango, car je fais des dessins humoristiques.

Quelles ont été les étapes dans le processus de création du livre ?

Napo : J’ai commencé a sélectionner des tangos, même certains pas comiques. Le premier illustré a été Viejo smoking, car les paroles sont extraordinaires, surtout à la fin, quand le personnage menace le smoking, car s’il meurt tout sera fini. Lu d’un point de vue satirique, tout le monde peut être touché par cette situation. C’était le point de départ de ce livre.

Après, j’ai songé à évoquer au lecteur l’idée de la sonorité de ces paroles, et j’ai pensé à Juan José Mosalini pour trouver des interprétations dans l’esprit du livre. Il a fait la sélection musicale qui accompagne les dessins en plus de l’interprétation des quatre thèmes instrumentaux.

Ensuite, nous nous sommes souvenus d’Oscar del Priore, un grand érudit du tango. Dans les années 1970, il animait une émission sur le tango à la radio que j’écoutais pendant que je dessinais. Pour le livre, il a écrit une synthèse historique du tango. Finalement, Horacio Ferrer, le président de l’Académie du Tango, a fait la présentation de l’ouvrage.

Nous avons voulu réaliser un beau livre populaire, ce qui ne signifie pas de mauvaise qualité : on a choisi le meilleur papier, la meilleure impression, le meilleur maquettiste… et nous sommes contents du résultat. D’ailleurs, en Amérique Latine et en Angleterre, des maisons d’édition se sont intéressées à sa publication.

Napo Tango. Livre + CD, Éd. Consonances. 38 Euros

Propos recueillis par Mariana Bustelo

Deux pièces argentines à Ivry

Le téléphone sonne. Quand je décroche, la voix à l’autre bout de la ligne me propose : « Ça te dit d’aller voir une mise en espace d’une pièce de Pavlovsky ? C’est dans deux heures à Ivry ». L’invitation intempestive tombe bien, et attise ma curiosité. Je me rends à Ivry pour assister à la mise en espace par Christian Germain de la pièce Toiles d’araignées d’Eduardo Pavlovsky, une des activités proposés par le Festival ¿ Qué tal ? à Ivry. L’écrivain, comédien, régisseur et psychanalyste Eduardo Pavlovsky est un des auteurs-clés du théâtre argentin. Il décrit dans cette pièce, écrite en 1977 sous le régime dictatorial argentin qui l’a interdite, le dysfonctionnement des liens familiaux et celui d’une société accablée par le despotisme, la crise et les fausses illusions. Plus près de la mise en scène que de la lecture, la suggestive mise en espace de Christian Germain et la représentation des comédiens font vivre le texte d’une façon surprenante. Cela m’incite à aller voir une autre mise en scène de Christian Germain : celle de Demoiselles de Buenos Aires composée de trois monologues de Daniel Veronese, lui aussi auteur argentin-clé sur la scène du théâtre contemporain et fondateur du groupe El periférico de objetos. Dans Demoiselles de Buenos Aires, trois vieilles filles célibataires nous immergent dans une inquiétante étrangeté façonnée de cauchemars et d’espoirs inaccomplis. Dans la mise en scène de Christian Germain, chaque monologue nous laisse face à la solitude de ces êtres qui cherchent à établir un dialogue avec le spectateur à partir de fragments de vie. Ces deux écritures, même si elles sont très typiques de la culture argentine, atteignent un caractère universel. Pour ceux qui ont raté ces présentations, des reprises sont prévues pour le mois d’octobre 2006.

Toiles d’araignées d’Eduardo Pavlovsky à la Médiatheque d’Ivry. Mise en espace de Christian Germain. Traduction de Françoise Thanas.

Demoiselles de Buenos Aires de Daniel Veronese au Studio Casanova. Mise en scèene de Christian Germain. Traduction de Françoise Thanas.

Mariana Bustelo

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