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Danse et danseurs

Marisa Talamoni : l’importance du dialogue au sein du couple

Editeur : La Salida n°49, juin à septembre 2006

Auteur : Fabrice Hatem

Marisa Talamoni : l’importance du dialogue au sein du couple

Originaire de Rosario, bien connue en France où elle est venue à maintes reprises avec son partenaire Ricardo Calvo, Marisa insiste sur l’importance de la communication au sein du couple.

Qu’est ce qui fait qu’une personne danse bien ?

Quand elle est en communication avec l’autre ; quand les deux partenaires s’écoutent comme dans un dialogue, qu’ils sont en complicité, en harmonie, qu’ils cherchent ensemble la pulsation. L’élégance, la posture, la qualité de la marche, l’équilibre ont également beaucoup d’importance. Enfin, je suis sensible à un travail très en terre, à un tango qui se projette depuis le sol. Il faut réunir tout cela. On peut être triste ou gai, cela n’a pas d’importance. La beauté est intérieure, elle provient d’une émotion qui se voit et touche les gens. Les attitudes narcissiques provoquent au contraire un sentiment de rejet.

Quelles sont les principales difficultés ?

Il y a plein de raisons possibles pour ne pas bien danser : blocage émotionnel, stress, etc. Pour s’améliorer, les danseurs doivent prendre conscience de leur propre corps et utiliser la plus petite quantité possible d’énergie pour réaliser le mouvement. Lorsque l’on arrive à cela, on rentre dans l’harmonie. Et cela transforme également la manière d’être dans la vie courante : les personnes qui se mettent à danser deviennent peu à peu plus communicatives, souples, relâchées, émotives, expressives. Mais c’est quelque chose qui doit être vécu, ressenti, d’une manière personnelle, pas en copiant quelqu’un d’autre.

Comment les surmonter ?

J’essaye de faire avec mes élèves un travail à la fois sur le physique, l’émotionnel et le relationnel. Il faut d’abord s’autonomiser, débloquer les articulations, prendre conscience de son corps, améliorer la coordination, la dissociation, le contact au sol.

Puis il faut chercher la communication dans le couple, l’harmonie avec l’autre. Le tango se fait à deux, et l’homme doit respecter l’espace d’expression de la femme. Il faut rompre avec les approches individualistes. Bien sur, le guidage doit être clair et précis, sinon les partenaires ne vont jamais se rencontrer. L’homme propose avec beaucoup d’amabilité, des mouvements, une amplitude et une direction déterminés, mais il ne dit pas comment le faire. Le rôle de la femme est réaliser, et les deux ont rôle actif.

Il faut aussi retrouver le sentiment du jeu, la créativité. Les exercices d’expression corporelle, le psychodrame, peuvent aider à cela. Les gens attendent souvent qu’on leur montre des figures, mais le tango ce n’est pas cela. L’adorno est personnel, musical, un jeu avec l’autre. C’est un dialogue que l’on même en dansant, une création.

Quel est le rôle de la sociabilité ?

Nous les argentins, ne dansons pas sur tous les tangos, mais seulement lorsque le thème et l’orchestre nous plaisent. Nous profitons aussi de la nuit, de la conversation, de la musique. Il ne faut pas danser comme des machines, ce n’est pas une gymnastique. Il y a aussi une dimension sociale dans la milonga, qui est de ce fait quelque chose de très différent d’un show.

Propos recueillis par Fabrice Hatem

« Comme c’est beau de les voir danser »

En contemplant cette oeuvre magnifique de Julio Vanzo, je perçois le volume du couple enlacé : c’est une représentation tridimensionnelle, embellie par le contraste des couleurs de fond. .

La continuité et la force de son traiy reflètent la fluidité du mouvement de la danse et un abrazo solide, fermé. Je sens l’harmonie, la tenue, et un dialogue entre les partenaires.

Ma lecture de cette oeuvre commence par le pied droit de l’homme, remonte par son pelvis jusqu’à atteindre son torse, qui, en s’entrelaçant avec le bras et le regard de la femme, lui transmet de la passion, de la chaleur. Et cette l’énergie va vers sa poitrine, traverse son pelvis et redescend jusqu’à son pied droit.

C’est cette sensation qui me fait dire : « comme c’est beau de les voir danser… « .

Marisa Talamoni

Brève biographie de Julio Vanzo

Descendant d’une famille de peintres du Tyrol autrichien, il est né à Rosario (Santa Fe) le 12 octobre 1901. Peintre et graveur, il a exposé à partir de 1919 ses oeuvres dans de nombreuses expositions nationales et provinciales, ainsi qu’aux Etats-Unis, obtenant différents récompenses,. En 1981, lors d’une grande exposition rétrospective, plus de 200 de ses oeuvres furent exposées au Museo Castagnino de sa ville natale.

Brillant coloriste, ses peintures se caractérisent par un trait large et vigoureux. Ses volumes présentent dans certaines œuvres un aspect presque sculptural. Il est l’auteur d’une série de zincographies sur l’ouvrage « Martín Fierro », exposées en 1953 à New York. La thématique du tango le mobilisa au cours de dernières années, faisant de l’un des interprètes plastiques indiscutés de la musique portègne. Il est décédé en 1984.

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