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Le tango dans le monde

Le tango à Naples

ImageEditeur : La Salida n°16

Auteurs : Katia Gaglione, Rosi Arnese, Michelle Fariello

Les tangueros, les voyous et la vieille dame, la galerie Umberto 1er à Naples

S’il vous arrive d’être à Naples un samedi soir, n’hésitez pas à venir danser le tango dans un des endroits les pus évocateurs de la ville ; la galerie Umberto 1er. Celle-ci, construite en 1886, est située entre le théâtre San Carlo et la forteresse du Maschio Angioino. Elle représente, avec sa voûte caractéristique en fer et en verre bien visible de tous les endroits de la ville, un lieu symbolique du renouvellement urbain, un point de rencontre entre gens ordinaires comme entre artistes.

Le salon Margherita, situé en sous-sol de la galerie, constitue en effet le lieu de raliement quotidien des artistes et des protagonistes du monde du spectacle. C’est dans cette atmosphère stimulante qu’est née l’initiative de l’association Tango Angioino. Tout a commencé pratiquement par hasard, dans l’ivresse d’une belle nuit de printemps, le 10 avril dernier. Quelques bouteilles de bon vin, le splendeur du sol de marbre précieux, la musique de Pugliese et de Canaro… et voila la galerie Umberto 1er soudain transformée en une milonga.

Depuis cette soirée, l’atmosphère et la magie du tango se renouvellent tous les samedis. Les notes qui sortent d’un lecteur de cassettes posé par terre, le rite du changement de chaussures, des regards rapides de connivence… les couples se forment et la galerie devient la salle de bal des tangueros napolitains.

Mais elle devient aussi un lieu de rencontre culturelle où différents artistes de passage offrent des moments de grande émotion : exhibitions de danseurs comme Marta Anton et Luis Grondona, Osvaldo Zotto et Lorena Ermocida, spectacles de marionnettes, de mimes, de clowns sur échasses, de chanteurs populaires.

Les difficultés, cependant, n’ont pas manqué : les voyous napolitains avaient par exemple élu la galerie comme terrain de football du samedi. Il n’a pas été facile de la convaincre de se déplacer sur un coté, afin de laisser un groupe de fous danser le tango, alors que pour eux l’argentine n’évoquait qu’un seul nom, celui de leur idole, Diego Armando Maradona. Une difficulté plus redoutable encore a surgi en la personne d’une veille dame presque centenaire, quasi seule habitante des lieux, où nous ne pensions trouver que des cafés et des bureaux, et qui ne supporte pas la musique à haut volume (les autres habitants des lieux, une famille, nous ont au contraire fait un accueil enthousiaste, ravis de voir déguerpir la bande de voyous footballeurs). D’où une arrivée désormais ponctuelle de la police à minuit, qui nous invite, d’ailleurs à contre-coeur, à cesser nos activités. Les négociations pour obtenir l’ouverture nocturne d’un des nombreux cafés de la galerie afin de pouvoir s’asseoir et consommer ont également été laborieuses, mais ont finalement abouti, à l’occasion de la grande fête donnée pour la venue d’Osvaldo Zotto.

Cette réunion hebdomadaire, qui s’st poursuivie jusqu’à la fin novembre, reprendra au printemps prochain. Si donc, vous vous trouvez à Naples à ce moment-là , n’oubliez pas vos chaussures de bal.

Katia Gaglione, Rosi Arnese, Michelle Fariello
Traduction de Fabrice Hatem

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