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Vie culturelle

Les jours et les nuits de Mariana B., La Salida n°38

ImageEditeur : La Salida n°38, avril-mai 2004

Auteur : Mariana Bustelo

Les jours et les nuits de Mariana B.

Brève histoire des revues de tango

« Nous n’avons pas porté le tango dans le monde, c’est le tango qui nous a portés », déclare le danseur Libertella dans Passeport Tango, le livre récent de Irene Amuchástegui. Une phrase qui illustre bien le point de vue général de l’ouvrage, consacré aux grands spectacles de tango. En effet, le livre met au premier plan la manière dont cette musique et cette danse fonctionnent comme une ouverture au monde, amenant les artistes vers de nouveaux espaces de création. Amuchastegui, spécialiste du tango et chroniqueur de l’un des quotidiens les plus importants d’Argentine, nous y propose une réflexion sur l’opposition entre « tango authentique » et « tango for export » sans définir de manière rigide chacun de ces termes (imprécision d’ailleurs typique de tout ce qui touche au tango).

L’histoire des revues de tango commence dans les années 20 et se poursuit jusqu’à nos jours, en suivant des chemins qui passent par Buenos Aires, Paris New York, Nice, Cannes, Monte Carlo, Milan et Rome. La revue Tango Argentino, qui fut présentée en 1983 au théâtre du Chatelet de Paris et qui plus tard connut un succès phénoménal à Broadway, tient une place centrale dans cette histoire. Dans ce spectacle se produisirent des musiciens et les danseurs les plus importants du moment (comme Virulazo y Elvira, Copes y Nieves, Libertella, Goyeneche), ce qui provoqua un élargissement de la définition du tango authentique et provoqua « une épidémie de tango qui passa de la scène à la rue ». Une expression qui décrit clairement le développement complexe du tango au cours des dernières années, pendant lesquelles les espaces du bal et de la scène se sont mutuellement nourris et influencés (tous les danseurs de Tango Argentino venaient du bal).

Une brève interview avec Maria Nieves nous fournit le témoignage vivant de l’un des
principaux protagonistes. On trouve, de plus, une annexe avec de brefs commentaires sur toutes les revues de tango argentin, dont beaucoup ont surgi comme des imitations de Tango Argentino. Une référence indiscutable pour les tangueros. Irene Amuchástegui, Passeport tango, éd.Atlantica, 2003. 71 p. 12 €.

Tango à Caldine

Comme le dit bien Libertella, c’est le tango qui nous porte, et ainsi, au cours d’un voyage de quelques jours en Toscane, le tango me porta à Caldine. De passage à Florence, je cherchais à fréquenter quelques milongas pour sentir l’atmosphère italienne du bal, dont on m’a si souvent parlé. Ma quête me mena à la Milonga du Tango Club de Caldine, un bal mensuel organisé dans un village des environs. Je pensais « village », donc bal petit, peu de gens, mais à ma grande surprise, en arrivant dans le lieu je découvris un bal dans le meilleur style de Buenos Aires : près de 200 personnes, une large piste rectangulaire avec des tables tout autour, la piste pleine de gens, des « abrazos » milongueros, des bouteilles de vin pétillant… La simplicité de l’espace (un club social et sportif ancien) prend une autre dimension lorsque que l’on s’habille de vêtements de fête et que l’on met des chaussures qui caressent le sol. Au milieu de la nuit, fut donnée une exhibition peu conventionnelle de Alex Cantarelli et Mimma Mercurio, deux danseurs de Rome pleins d’humour et de complicité. Mais, plus que tout cela – ou plutôt dans l’essence même de tout cela – règnaient dans ce lieu la chaleur humaine des protagonistes venus de toutes les parties de l’Italie et l’hospitalité des organisateurs, Patricia Hilliges et Matteo Panero, qui viendront bientôt danser au Balajo. www.tangoclub.it
Circolo Caldine, Via Faentina 183, Caldine (Firenze)

Paroles d’aujourd’hui

Dans l’histoire du tango, l’apparition des chansons est postérieure à celle de la musique et de la danse. Mais les textes jouent pourtant un rôle essentiel dans le tango et leur écho résonne dans notre mémoire. Aujourd’hui comme à l’origine, la renaissance du tango s’est d’abord traduite par une visibilité accrue de la danse et de la musique, plutôt que des paroles. Peut-être cela est-il dû à la profondeur expressive atteinte par des poètes comme Homero Expósito, Enrique Santos Discépolo ou Homero Manzi, auxquels les musiciens et les danseurs se réfèrent constamment ? En tout cas, le poète contemporain de tango se trouve ainsi confronté à une limite, tout paraissant avoir déjà été dit pour l’éternité.

L’espagnole Amparo Garcianievas, écrit des poésies de tango. Leur identité tient en grande partie aux thèmes abordés : la femme qui va danser, le couple dans la danse, le milonguero le plus apprécié….. Mais, au delà de la référence au tango, des poèmes comme « Orillero abacanado » et « Romance global » sont également remarquables par leur puissante sonorité et la qualité du travail formel sur la langue. Par ailleurs, l’auteur s’appuye largement sur l’utilisation de néologismes et de paroles de lunfardo pour décrire l’ambiance du tango.

Dans la présentation du livre, nous lisons qu’il est « destiné à l’écosystème milonguero, dont l’auteur fait partie en tant que fanatique ». De toute évidence, ce livre (qui en est déjà à sa cinquième édition) présente un intérêt particulier pour les tangueros, qui rencontrent des situations connues ou se reconnaissent dans les personnages. Amparo Garcianievas, El tango hacía su voluntá, Valencia, 2003, 67 p.

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