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Vie culturelle

Les jours et les nuits de Mariana B., La Salida, n°35

ImageEditeur : La Salida, n°35, octobre novembre 2003

Auteur : Mariana Bustelo

Les jours et les nuits de Mariana B. se sont déplacées cet été vers Buenos Aires

Cher lecteurs, j’étais pendant l’été à Buenos Aires, pour échapper à la canicule et visiter famille et amis. Le duende du tango ne pouvant se retenir, m’a entraînée dans son monde de rêverie où m’accueillaient des bras milongueros et des pieds disposés à sacar viruta al piso jusqu’à l’aube. Regards qui se croisent, conversations éternelles qui cherchent à atteindre l’impossible, amateurs qui veulent gagner le respect du bal, du champagne, une grillade qui passe entre les tables : voilà pour mes cadeaux de bienvenue.

Mardi soir. Comme toujours, me dis-je, je vais sortir tôt, mais finalement je n’arrivais pas avant 23 heures à El Beso où m’attendais une piste remplie d’excellents danseurs. On y trouve un salon avec ses petites tables, pour voir et être vu, pour chercher la personne avec laquelle on ira danser. Quelques tangos, et on revient à la table, dans un rituel qui se répète de soir en soir. A ma grande surprise, je rencontre plusieurs figures connues de la communauté tanguera de Paris. La piste se vide peu à peu et à 2 heures du matin, la fermeture du salon nous indique qu’il est déjà temps de se diriger vers Porteño y bailarín. Plusieurs danseurs venus de El beso se retrouvent la-bas, rejoignant des têtes nouvelles sur les deux pistes qui accueillent les tangos jusqu’à 5 heures du matin. Un parcours que l’on peut également suivre le dimanche.

Vendredi, bal avec orchestre au Torquato Tasso. Le lieu semblait près de l’explosion, il n’y avait aucune place assise. Color Tango présentait son nouveau disque et personne ne voulait perdre cette occasion. Danser avec un orchestre est extraordinaire, surtout lorsqu’il s’agit du bandonnéoniste Roberto Alvarez, ancien arrangeur, compositeur et premier bandonéon de l’orchestre d’Osvaldo Pugliese. Une piste petite pour les standards argentins, mais qui change complètement le dimanche quand on enlève une grande partie des tables.

Lundi soir, Parakultural au Salón Canning. A la fin des années 80, le Parakutural à San Telmo avait été l’endroit par excellence de l’underground Portègne où se trouvaient les jeunes inspirés par le punk et les jeunes anxieux de liberté. A la fin des années 80, le Salón Canning à Palermo était l’un des bastions du tango où se trouvaient les milongueros qui avaient résisté pendant l’affaiblissement du cette danse. Aujourd’hui, cet endroit mythique accueille des organisateurs d’avant-garde pour faire la rencontre de générations et de traditions culturelles. Ceux-ci peuvent se retrouver le Mardi à La Catedra le auParakultural dans une version plus underground.

J’étais dans d’autres milongas où j’ai vécu des situations insolites et j’ai connu des personnages inoubliables, mais je les partagerai avec vous à un autre moment. Pour l’instant, ils sont encore dans mon jardin secret.

Pour chiner

Pour celui qui visite Buenos Aires, il existe de nombreuses librairies sur l’avenue Corrientes où l’on peut chiner et trouver de bonnes occasions comme la collection d’auteurs de l’éditeur Torres Agüero. Chaque livre est consacré à un poète du tango, avec, en plus des textes, des témoignages, des anecdotes, des photos, des références précises sur les chansons. La collection comprend des ouvrages consacrés, entre autres, à Enrique Santos Discépolo, Celedonio Flores, Alfredo Le Pera, Eladia Blázquez et Homero Expósito.

Le Dictionnaire de la langue des argentins de l’Académie argentine des lettres, récemment paru, constitue une source importante pour tous ceux qui souhaitent s’interesser à la poésie tanguera. Il ne s’agit pas d’un dictionnaire de lunfardo, mais d’un dictionnaire de la langue courante d’hier et d’aujourd’hui, où figurent des termes aussi usuels que « diariero » (personne qui vend des journaux et des revues) ou aussi lunfardesques que « amurar » (abandonner ou plutôt « planter » un(e) amant(e)).

Mariana Bustelo

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