Catégories
Vie associative

La casa del tango a un an

Editeur : La Salida, n°38, avril-mai 2004

Auteur : Claude Teissier

La casa del tango a un an

salida38 casa Le 2 janvier 2004, La Casa del Tango ouvrait ses portes à Paris, à deux pas des Buttes Chaumont, dotant la capitale d’un nouveau lieu dédié au tango. Nous avons souhaité en savoir plus, et Frédérique Béhar, directrice de La Casa del Tango, nous a ouvert ses portes.

Par un froid après-midi d’hiver, je presse le pas en montant l’escalier de la rotonde, allée Darius Milhaud. La Casa del Tango est là, avec ses grandes lettres peintes en rouge. Je pousse la porte, et, dès l’entrée, je suis saisie par le charme du lieu, à la fois intime et familier. Dans la salle que l’on devine derrière le rideau, règne l’atmosphère studieuse d’un cours au rythme d’un tango.

La salida : Frédérique, vous êtes la créatrice et la directrice de La Casa del Tango, pouvez-vous, en quelques mots, définir cet espace ?

Je pourrais répondre que La Casa del Tango est, fondamentalement, un lieu d’apprentissage du tango. C’est vrai, mais c’est très incomplet. Je définirai plutôt La Casa del Tango comme un lieu parisien de rencontre, d’enseignement, d’échange culturel, de recherche artistique autour du tango.

Votre projet était ambitieux. Comment prend-on un jour la décision de créer un tel espace culturel ?

J’ai « baigné » depuis mon adolescence dans la musique de tango, mais c’est ma rencontre « coup de foudre » avec cette danse, en janvier 1998, qui m’a fait connaître tous les bals tango d’Europe, et a décidé de ma reconversion professionnelle dans le secteur du spectacle vivant.

Je citerai deux dates significatives : En 2001, je déposais le nom « La Casa del Tango ». Le 2 janvier 2004, j’ouvrais « La Casa del Tango ». Pour mener à bien un tel projet, il faut franchir une à une toutes les étapes, avec patience, détermination et réalisme, car, dans cette démarche, l’amateurisme n’a pas sa place. Il faut savoir se remettre en question, suivre une formation (administratrice de compagnie de spectacles vivants), et la mettre en pratique sur le terrain.

Il est indispensable de bien connaître le monde du tango de Buenos Aires, ce qui explique mon immersion totale pendant quelques mois dans cette ville où j’ai trouvé l’appui précieux de personnalités artistiques. J’ai coutume d’évoquer « ces rencontres qui comptent », qui vous encouragent, comme celle d’Eric Jorissen, directeur de El Corte, de Nimègue, qui m’a conseillée, et que je suis heureuse de remercier ici.

Il y a également tout le travail technique de concrétisation, étude de marché, élaboration du dossier de financement, recherche du local, préparation budgétaire, etc… Le choix du statut juridique de l’entreprise est également important. La Casa del Tango est une entreprise individuelle, j’en suis personnellement responsable.

Parlez-nous d’abord de l’activité première de La Casa del Tango : l’enseignement de la danse.

L’enseignement du tango de bal représente le noyau central de l’activité de La Casa del Tango. Il est dispensé par sept professeurs qui couvrent les 4 niveaux, depuis le stage d’initiation et l’apprentissage dans le respect des principes traditionnels, jusqu’au plaisir de l’improvisation. Ajoutez aux cours, deux pratiques hebdomadaires, le bal mensuel, les brunchs et thés-tango, toute l’activité danse est là. Mais, bien plus qu’une école de tango, La Casa del Tango est un espace culturel qui accueille toutes les expressions artistiques liées au tango. Là, est son originalité !

Vous avez dit « originalité » : soyez plus explicite…

J’ai voulu, en effet, créer un espace dédié au tango, qui soit, à la fois, spécialisé et pluridisciplinaire, étant donné l’ampleur, la richesse et la variété de cette culture. Je m’attache donc à promouvoir de façon régulière l’écoute musicale, le chant, la causerie littéraire argentine…

La musique occupe, naturellement, une place essentielle : La Casa offre une scène d’accueil aux musiciens et jeunes orchestres de tango. C’est un nouveau mode d’écoute que nous proposons, avec l’objectif de sensibiliser un public de non-danseurs. Adriana Pedrolo anime stages et ateliers de chant, une autre façon de découvrir et savourer musique et paroles de tango.

Le café littéraire argentin, sous la houlette de Mariana Bustelo, universitaire et écrivain, permet de découvrir ou mieux connaître la littérature et la poésie argentine, les écrivains et les auteurs de tango. Ce sont toutes ces rencontres qui permettent de mieux appréhender la culture du Rio de la Plata et la littérature argentine sous ses diverses écritures.

On entend la musique qui invite à la pratique.

L’entretien se termine. Changement de décor et d’atmosphère. La salle de cours s’efface, des peintures apparaissent aux murs, formant de chaudes touches de couleurs. La magie a opéré, nous voilà transportés dans un salon intime et feutré pour une pratique de trois heures. Déjà se presse à l’entrée, un public d’habitués de la communauté tanguera parisienne.

Une même « maison » qui vous accueille pour danser, écouter, causer, chanter : c’est nouveau, cela éveille la curiosité et favorise la rencontre de publics différents. « La Casa del Tango », plus qu’un lieu, c’est une « atmosphère ». Quant au décor, il change, se transforme, s’adapte, en fonction de l’activité qui s’y déroule : à La Casa, on sait cultiver la magie des ambiances. Souhaitons longue vie à La Casa del Tango, dirigée par une femme de caractère, aussi passionnée qu’énergique et déterminée.

Propos recueillis par Claude Teissier

La Casa del Tango, 11, allée Darius Milhaud, 75019 Paris
Tél/fax : 01 40 40 73 60
Site Web : www.lacasadeltango.net
E-mail : message@lacasadeltango.net

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.