Catégories
Le tango dans le monde

Carnet de voyage : Tango en Turquoise

ImageEditeur : La Salida, n°36, Décembre 2003 à Janvier 2004

Auteur : Stephane Koch

Carnet de voyage : Tango en Turquoise

On le dit justement, Paris ce n’est la France. De même, Istanbul, ce n’est pas la Turquie. Si cette capitale culturelle, économique, démographique…. de la Turquie joue un rôle prépondérant sur la scène du Tango, ceci ne doit pas occulter l’existence d’une pratique dynamique et passionnée de tango dans les autres villes de ce pays.

Pour vous en convaincre, suivez le fil de mon récit d’une aventure de 7 semaines….

31 juillet 2003, j’anime mon dernier Turquito de la saison à Paris avec reprise en septembre. Deux jours après, nous partons en car à Istanbul. Le programme est chargé : du 15 au 17 août je me suis mis sur le dos l’organisation de Tango Turquoise (trois nuits de festivités à Bodrum dans trois lieux différents, arrangées par internet et par téléphone), aidé en cela par mon amie Pelin, qui dirige l’organisation Tango Capital… à Ankara. Elle-même organise un festival au bord d’un lac près d’Ankara en septembre pour lequel elle me demande mon aide. Cette manifestation se déroule dans un hôtel réservé aux tangueros : plus de 200 participants tirés à quatre épingles dansant sur la musique de l’orchestre local de tango Agnolim (milonga écrit à l’envers). Pas moins 13 musiciens et danseurs, une sono monstrueuse avec bal au bord de la piscine s’il vous plaît !

Voilà qui promet des vacances bien tranquilles ! !

Donc, après avoir traversé la France et l’Italie, franchi la Grèce où nous arrivâmes par bateau, s’offrit à nous, à la suite d’un périple de trois jours, Istanbul, la ville « désirée ».

Pas de temps à perdre, nous voulons faire toutes les milongas stambouliotes dignes de ce nom, et passer une commande chez Necmi Usta, le principal fabricant de chaussures de Tango en Turquie. Nous logeons à Tango-pension, appartement en plein centre ville proche des milongas, emplacement stratégique pour celui qui veut « optimiser » son séjour.

A ce moment a également lieu un festival organisé par le célèbre Metin Yazir, danseur et enseignant international de tango. Un bal est prévu au légendaire Pera Palas, l’hôtel de l’Orient Express qui accueillit d’illustres hôtes tels qu’Agatha Christie ou sir Winston Churchill pour ne citer qu’eux. Une aubaine !

J’y rencontre Rahim, le responsable de l’organisation Tango Cyprus ! Car, tenez-vous bien, on danse le tango même en Chypre du Nord ! Cela se passe à Magussa, bourg de la taille d’un gros village. Depuis qu’on peut circuler entre les parties Grecques et Turques, les échanges sont paraît-il nombreux entre les tangos des deux rives de l’Egée.

Après 4 jours de folie à Istanbul nous repartons vers le sud… en bus. Il n’y a pas un moment à perdre. Tango Turquoise, c’est pour bientôt et il faut aussi assurer la promo à Izmir, ville Tango par excellence et plus proche de Bodrum.

En été, Ozan, un des professeurs de tango de Smyrne, organise une magnifique milonga dans un ancien village grec historique totalement restauré : la Milonga d’Alaçati. Il me demande de faire la musique. Pas de problème, j’ai mon ordinateur. Ce sera la première étape de ma carrière de « DJ invité nomade ».

Chose intéressante que j’ai pu constater partout en Turquie : lorsqu’on organise un bal, cela attire aussi une moitié de gens curieux qui viennent juste pour regarder les autres danser. La salle était donc blindée. Tout paraissait normal. A part moi, personne ne s’étonnait de cet engouement pour une musique et une culture originaires de dizaines de milliers de kilomètres de là.

Arrivé à Bodrum, j’apprends qu’Aysegül, une autre enseignante de tango à Istanbul organise quelques temps après, un séjour « tanguesque » dans la péninsule juste en dessous, à Datça. La fête continue.

Les 3 jours de Tango Turquoise se déroulent dans une euphorie générale réunissant entre 60 et 80 tangueros venus principalement d’Istanbul, d’Izmir, d’Ankara mais aussi de Bodrum, car j’ai appris à mon grand étonnement, qu’il y avait dans ce village une petite communauté tanguera où Attila, un des enseignants de l’organisation Tango Türk avait l’habitude de donner des stages sur des bases régulières. Allons bon.

Stéphane Koch

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.