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Autour d'un tango : poème commenté

Boedo Ayer y Hoy

pompeya no Editeur : La Salida, n°35, octobre à novembre 2003

Auteur : Fabrice Hatem

Boedo Ayer y Hoy

Né en 1961, Alejandro Szwarcman fait partie, avec Ernesto Pierro, Carmen Guzman ou Juanca Tavela, de la nouvelle génération des auteurs de tango apparue à la fin des années 1980. Comme le dit Hilda Guerra, il « jette un pont entre les décennies, dans une lignée élégiaque qui va de Manzi jusqu’à l’actualité ». Il s’inspire des thèmes traditionnels du tango, comme la nostalgie, la souffrance de la séparation et de l’exil, mais en les transposant dans la ville d’aujourd’hui, avec son béton, son stress, son actualité politique et sociale souvent tragique.

Ainsi, dans « Pompeya no olvida », il évoque les douloureux souvenirs de la dictature militaire, avec ses 30000 disparus, comme cette « jeune fille au visage d’anis », héroïne à jamais absente du poème. Dans « Cuidad de Nadie », il nous donne une vision très noire, presque hallucinée, d’un Buenos Aires contemporain rongé par la misère et par l’affairisme. Dans « Boedo ayer y oy », il parle de la perte du « barrio », du quartier, comme identité collective, comme lieu de rencontre. Dans ce quartier si profondément tanguero, les traces du passé s’effacent progressivement, recouvertes par le béton, même si la mémoire cherche à subsister.

Son style rappelle parfois celui d’Homero Manzi, à travers notamment l’utilisation de riches métaphores oniriques, où les lieux, les sentiments, les matières et les personnages s’entremêlent dans une sorte de réalité surnaturelle. Ainsi, l’âme du personnage de « Boedo ayer y oy », comme celle du quartier lui-même, semblent tous deux faites d’un bois peut-être raboté par l’oubli, mais dans lequel ou peut encore « tailler un cœur pour aimer ». Le même bois, sans doute, que celui des tribunes de football, c’est-à-dire d’un lieu où s’exprime la quintessence de l’identité populaire portègne.

Parmi ses thèmes les plus connus, on peut citer « Declaracion de amor y guerra », « Entre Rejas », « Amar es tan simple », « Pompeya no olvida, « Cuidad de Nadie ». Lauréat de plusieurs concours de poésie, il a publié deux recueils de poèmes : « Colihue » et « Basilico ». Il a été interprété, entre autres chanteurs, par Ruben Juarez, Patricia Barone, Carlos Varela, Susana Blaszko, qui nous a parlé de sa rencontre avec le poète.

« J’ai été la première à enregistrer des thèmes d’Alejandro. Je l’ai rencontré en 1991. Nous faisions tous deux partie de ce qu’on appelait « la Movida del tango » : un ensemble de gens qui voulaient faire un tango différent et cherchaient un peu dans toutes les directions. Un jour, Alejandro m’a montré les poèmes qu’il écrivait. Je m’en suis tout de suite sentie très proche. J’ai moi-même vécu ma jeunesse à Almagro, à deux pas des quartiers de Boedo et de Pompeya dont il parle tant. J’ai décidé d’enregistrer « Boedo Ayer y oy », dont il m’a donné la mélodie, que j’ai fait arranger par mes musiciens. Depuis, nous sommes restés en contact étroit, il m’envoie régulièrement ses nouvelles œuvres ».

Fabrice Hatem

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