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Autour d'un tango : poème commenté

El arriero va

yupanqui Editeur : La salida n°34, juin à septembre 2003

Auteurs : Mariana Bustelo et Fabrice Hatem

El arriero va

Atahualpa Yupanqui, né dans la Pampa en 1908, était à la fois musicien et poète. Descendant de basques et d’indiens, il mena dans sa jeunesse un existence vagabonde avec sa guitare, s’imprégnant des réalités du nord argentin. Il interpréta différents types de musiques folkloriques, auxquelles ses poêmes donnèrent une grande profondeur : zambas (danse joyeuse et romantique où l’on exprime surtout des peines d’amour), milongas camperas (style caractéristique de Pampa dont les chansons évoquent des thèmes très divers), chacareras (danse paysanne où la communication s’effectue plutôt par la danse et le rythme que par les paroles), bagualas (chants montagnards, dont le nom signifie "indompté"), vidalas (chant intimiste à la tonalité grave, qui rend souvent hommage aux morts), et malambos (musique sans paroles jouées avec de la percussion, dont le nom signifie "galop joyeux").

Sa poésie évoque souvent la vie des indiens du Nord Argentin (Koyas). Elle repose souvent sur l’opposition entre deux thèmes : d’une part, l’omniprésence de la nature, proche de l’homme et en communion avec lui ; et d’autre part, la souffrance, qui provient de l’absence de communication et d’amour entre les hommes.

On retrouve ces thèmes dans "El arriero va". Même si la présence des "vachettes" nous situe plutôt dans la pampa que dans l’univers des indiens du Nord, le personnage central parcourt les chemins comme l’a fait Yupanqui pendant sa jeunesse. La chanson a d’ailleurs été écrite, en 1944, pendant un voyage du poète dans le nord-est argentin. A travers des images très métaphoriques, exprimées dans un langage simple, l’homme est présenté comme faisant partie intégrante de la nature : son départ annonce l’aube et son retour se fait dans l’ombre du soir. Le refrain ajoute une dimension à la fois métaphysique et politique : les seules choses qui appartiennent au type d’homme symbolisé par le berger sont la tristesse et la pauvreté. On retrouve ces thèmes dans d’autres poèmes, comme "Luna Tucumana", "Camino del indio" et "Me gustaba andar".

Outre la tradition indienne, Yupanqui s’inspira également de la poésie "payadore" des gauchos et de la littérature latino-américaine moderne. Il vouait une grande admiration à Pablo Neruda, auquel il dédia "Cancion para Pablo Neruda" (1974).
Yupanqui donna plusieurs concerts en France dans les années 1950 et 1960 (dont l’un avec Edith Piaf en 1950). Dans les années 1970, s’installa dans notre pays où il mourut en 1992.

"El Arriero"" connut auprès du public un succès constant, dont témoignent ses différentes versions enregistrées par des musiciens très divers, comme le groupe folklorique "Los Chalchaleros" et le groupe de rock argentin "Divididos".

Mariana Bustello

Bibliographie en français

Atahualpa Yupanqui, Airs indiens, édition bilingue de poèmes traduite et présentée par Sarah Leibovici, Paris, Editions L’Harmattan, 1979.
Atahualpa Yupanqui, Horizons de Pierre, roman, Paris, Editions Messidor, 1988.
Françoise Thanas, Atahualpa Yupanqui, essai, Paris, Le livre à venir, 1983.

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