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Poésie et littérature

Pascual Contursi

contursi1 Editeur : la salida, numéro 45, octobre 2005

Auteur : Fabrice Hatem

Pascual Contursi (1888-1932)

Né en 1888 dans une famille d’immigrants italiens, il passe son enfance à Buenos Aires. Il part à Montevideo en 1914, où il chante dans des cabarets, comme le Moulin Rouge ou le Royal Pigall. Pour enrichir son répertoire, il commence à écrire des chansons sur des musiques existantes, d’abord dans un style folklorique « campero » avant de se tourner vers le tango. De cette époque datent, entre autres, Ivette, Champagne Tango, Matasano, puis Mi noche triste, écrite en 1916 sur la musique de Lita, Flor de Fango, enfin La Cumparsita, écrite en 1917, sur la composition homonyme de Enrique Matos Rodriguez. Ecrite sans l’autorisation du musicien, qui était pourtant un ami proche, ce texte lui vaudra un interminable procès pour l’attribution des droits d’auteurs, qui ne s’achèvera qu’après sa mort.

Ses chansons, interprétés par Gardel dès 1917, puis au théâtre, dans des saynètes comme Los dientes del perro en1918, connaissent rapidement un gros succès populaire à Buenos Aires. Dans le courant des années 1920, il ajoute à son œuvre de nouvelles création comme Ivette (1920), El Motivo (1920) ou Pobre corazon mío (1926), qu’il intègre des petite saynètes. Il voyage ensuite en Europe (notamment à Paris) où il compose encore Bandoneon arrabalero en 1928. Mais, atteint d’une maladie mentale, il cesse de composer et meurt en 1932, interné dans un hôpital psychiatrique.

Sa poésie, réaliste et populaire, utilise un langage simple, très teinté de lunfardo. Son succès tient sans doute à l’expression, dans un langage simple, accessible à tous, des souffrances de la solitude et désarroi des gens du peuple. Il créé, en même temps que Celedonio Flores, un certain nombre de situations et de personnages archétypiques, qui seront ensuite copiés et plagiés des milliers de fois, à commencer dans ses propres œuvres : l’amant pauvre et abandonné qui ressasse sa peine sa chambrette, la jeune femme des faubourgs qui trahit son milieu d’origine et son fiancé pour se faire entretenir par un riche, la vieille milonguita abandonnée de tous. Et, commun à tout cela, le sentiment de la nostalgie et de l’absence.

La plupart des textes se présentent comme l’introspection douloureuse ou la description pleine de commisération d’un personnage solitaire, abandonné, confronté au sentiment de sa déchéance. Un des recours stylistiques les plus fréquents est personnification des objets et des lieux (la chambrette, le plumard, la guitare, le bandonéon, le miroir, le petit chien) qui semblent entrer en osmose avec le locuteur et ressentir eux-mêmes la peine et la détresse qui l’affligent. La chambrette en particulier, « fonctionne » comme une mise en scène.de la solitude absolue d’un personnage enfermé en lui-même et coupé du monde par une porte dont il guette, toujours en vain, qu’elle s’ouvre pour permettre le retour de la femme disparue.

Il existe un débat sur la valeur littéraire de l’œuvre de Contursi. Nombreux sont ceux qui insistent sur son apport décisif pour la création du tango-chanson, sur sa capacité à créer des archétypes fondateur, sur la clarté, la concision et la simplicité de son style qui permettent à un immense public de s’identifier aux personnages et aux situations qu’il évoque. D’autres, au contraire, comme Francisco García Gimenez, sont plus réservés, évoquant la pauvreté de son style, la répétitivité de ses thématiques, son sentimentalisme de pacotille.

Parmi les principales œuvres de Contursi, autres que celles mentionnées plus haut, citons : Desdichas , De vuelta al bulín, Garabita, Lo he visto con otro, La mina del Ford, Moulin rouge, Te doy le que tengo, Que calamidad, Que lindo es estar metido, Sentate hermano, Ventanita de arrabal

Fabrice Hatem

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